Bilan d’étape

Voici trois mois jour pour jour que j’ai débarqué à Villeurbanne pour y suivre la formation initiale des bibliothécaires d’Etat. Autrement dit, dans trois mois, adieu quenelles, saucisson et tarte à la pralines! Car depuis cette année, la formation ne dure plus que six mois, à l’issue desquels les bibliothécaires rejoignent leur lieu d’affectation (l’université de Rennes 2 en ce qui me concerne).

Quenelles de brochet

Quenelles de brochet (posté sur Flickr par stu_spivack sous licence cc-by-sa 2.0)

Quel meilleur moment pour un petit bilan ?

Je n’ai rien publié sur ce blog depuis septembre. Certes, je n’avais jamais été très assidu, mais ce silence commence à être long. D’autant que, pendant cette période, j’ai été assez bavard sur Twitter… Mais il s’agit de deux outils complémentaires, aux logiques différentes. Twitter ne me permet pas de développer une réflexion construite, ni de rendre compte d’une expérience un tant soit peu complexe comme j’ai pu essayer de le faire par le passé dans certains billets de blog. Par contre, c’est un outil précieux pour formuler quelques remarques générales, s’informer des projets des uns et des autres, échanger rapidement des informations, et lancer quelques blagounettes plus ou moins bibliothéconomiques. Je suis encore plus Twittodépendant depuis que j’ai troqué mon brave Nokia pour un HTC qui me permet enfin de surfer partout et n’importe quand (je ne sais pas comment j’ai pu m’en passer si longtemps!).

Donc, pas de nouveau billet depuis un bon bout de temps. Pourtant ce ne sont pas les idées qui manquent, mais en cette période de transition j’ai l’impression d’avoir deux ou trois morceaux de cerveau qui ont du mal à se connecter :

  • Demain il me faudra – avant tout – administrer un SIGB et réfléchir à des projets informatiques innovants. Mais j’ai beau m’y intéresser dès maintenant, tant que je n’aurai pas pris mon poste et que je n’aurai pas les deux mains dans le cambouis, cela restera assez théorique pour moi.
  • Hier, j’achetais et je traitais des livres, je participais à l’accueil, à l’information et à la formation des étudiants. Mon identité professionnelle s’était peu à peu cristallisée autour des problématiques liées au catalogage. Or, on ne peut pas vraiment dire cette activité soit unanimement valorisée par la profession… ;-). Et après trois mois, j’ai déjà l’impression d’avoir perdu la main, oublié beaucoup de choses, être déconnecté des débats et des évolutions en cours. Alors, que faire des connaissances et des compétences (beurk, je cause comme à l’IUFM…) liées au traitement des documents ? Passer un coup de chiffon définitif, ou bien les intégrer à mes nouvelles fonctions, mais en prenant un peu de hauteur, en changeant de point de vue ? A la manière de présenter les choses, on comprendra quelle solution a ma préférence… J’ai du mal à admettre que tout ce que j’ai pu apprendre deviennent subitement et totalement inutile. Mais  je ne sais pas trop ce qu’il adviendra : peut-être que dans un an ou deux tout cela sera vraiment de l’histoire ancienne pour moi…
  • Enfin, aujourd’hui, me voilà redevenu étudiant à plus de trente ans. J’attends deux fois par jour – avec des pleurs de joie indescriptibles – la sacro-sainte fiche d’émargement, et je prend – très sagement – des notes en écoutant des collègues évoquer la diversité des publics, la médiation numérique, la communication, les innovations, la gestion de projet, la réinformatisation, etc etc. Bref, tout cela est intéressant, mais la plupart des sujets ne peuvent être qu’évoqués assez rapidement à mon goût.

La formation est en effet très brève, si l’on songe qu’elle vise à former des cadres. Mais la durée étant fixée par décret, l’école n’est pas libre de la modifier… Je pense que le recrutement hétérogène complique également la tâche des formateurs. Il faut à la fois donner un solide aperçu des bibliothèques à des étudiants qui n’y ont jamais travaillé, et permettre aux vrais et faux internes (majoritaires) d’approfondir leurs connaissances tout en sortant d’une vision parfois très technique ou très spécialisée du métier. Pas facile… Je tire mon chapeau au coordinateur ! Pour ma part, la plupart des cours m’ont intéressés, mais sans que j’y apprenne énormément de choses, à quelques exceptions près (comme le cours sur la réinformatisation ou l’interopérabilité des données, mais, promis, il y en a eu d’autres…). Ce que j’ai le plus apprécié, c’est que, le plus souvent, les intervenants se sont positionnés comme des collègues venant nous faire part d’une expérience et/ou d’une expertise, tout en faisant naître de véritables échanges avec notre groupe.

Bref, cela sera à nous de compléter et d’approfondir nos connaissances une fois en poste, en profitant de la formation continue – dont le financement est bien entendu une priorité absolue pour nos universités au bord de la faillite -, ou  plus probablement en nous débrouillant tout seuls comme des grands ;-).

Tout autant que les cours, et peut-être même plus, les contacts noués pendant cette formation me marqueront sur la durée. Mélanger internes et externes est sans doute complexe sur le plan pédagogique, mais extrêmement enrichissant. Etudiant(e)s tout frais sorti de l’école, BAS aguerri(e)s, anciens profs, anciennes salariés de l’édition ou des musées, féru(e)s de cuisine, de communication, de webdesign (plutôt classe non?), d’anthropologie urbaine, de vampires… Il est rare de pouvoir rencontrer autant de personnes si différentes et pourtant animées par une passion commune, le babyfoot les bibliothèques.

babyfoot

Que serait l'Enssib sans son babyfoot ? (posté sur Wikimedia Commons par Jean-no, licence Artlibre)

C’est à tous ceux-là, et à tous les autres…, que je souhaite une très bonne année, aussi riche en epubs qu’en pubs , aussi remplie de découvertes que d’outils de découverte ! (Oui, je sais c’est mauvais, mais c’est sincère, si si…)

3 comments to Bilan d’étape

  • Marie H

    Allez, faisons la « vieille » : j’ai eu le concours à plus de 40 ans en vraie externe (je ne connaissais comme catalogues que ceux de La Redoute et des Suisses) et ai aussi apprécié cette formation (aussi pour les rencontres).
    Pour la première problématique : je trouve que la FIBE a sûrement perdu en abandonnant la nomination dès le concours et l’alternance : réfléchir plus de 6 mois à la prise de poste et aux projets à définir (et le formaliser) était intéressant. Bon, les stagiaires y ont gagné sûrement en tranquillité d’esprit … (vivre à cheval sur Enssib, son adresse perso et sa future ville de travail n’était pas facile).
    Le catalogage, je pense que cela reste collé aux basques un moment …
    Et puis, bienvenue en Bretagne en termes de gastronomie, c’est pas mal non plus : Lyon manque de bières …

    • vingtseptpointsept

      @Marie H :
      Désolé pour la validation tardive…
      Je m’étais peut-être mal exprimé : l’affectation se fait encore juste après le concours, ce point n’a pas changé.
      Donc on peut déjà « y penser » pendant 6 mois, mais sans avoir de contacts formels avec notre futur établissement…

  • Bah, si j’ai réussi à Limoges sans aucune expérience pro, sans connaissances en admin sigb, bref sans avoir travaillé en bib, il n’y a pas de raisons que tu n’y arrive pas ^^
    Ce que tu as appris en catalogage te sera toujours utile pour l’admin. Heureusement que j’ai une catalogueuse dans l’équipe admin sinon j’aurai été mal ^^ Je suis sûr que c’est comme le vélo, ca ne se perd pas :p

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