Journées de l’ABES ou journées des BU ?

Depuis leur clôture le 18 mai, les « journées ABES » ont eu quelques échos sur Twitter, et sûrement devant les machines à café de nos BU respectives. Mais pour l’instant, sauf  erreur, seuls deux biblioblogs les ont évoquées, ici et . Sans prétendre à une quelconque expertise sur les chantiers évoqués par l’ABES, je vous livre en vrac quelques impressions qui rejoignent globalement celles de Lully. Si j’ai le temps, je reviendrai ultérieurement sur le contenu des projets (vous pouvez consulter les présentations des intervenants sur le site de l’ABES), mais j’aimerais insister ici sur le double aspect journées de l’ABES / Journées du réseau, qu’à évoqué Lully.

Montpellier capitale des BU pour deux jours

Montpellier capitale des BU pour deux jours

En tant que correspondant catalogage, ces 1 (TGV) +2+1 (TGV) jours à Montpellier m’ont été très précieux. Car parmi les 450 personnes réunies au Corum ne figuraient pas que le gratin de la bibliotwittosphère, mais aussi tous ces collègues qui travaillent dans l’ombre pour maintenir nos SIGB, gérer nos ressources électroniques, ou veiller à la cohérence et à la qualité de nos données. Si vous ne faites pas partie de leurs collègues de bureau, et que vous n’êtes pas « sur les listes », vous avez toutes les chances de ne jamais avoir entendu parler d’eux. Et pourtant, sans leur dynamisme et leur professionnalisme, l’ABES aurait bien du mal à concrétiser ses projets.

Ayant encore assez peu d’expérience en BU (4 ans), beaucoup de collègues d’autres universités n’étaient pour moi que des noms, ou dans le meilleur des cas des avatars sur Twitter. Sur ce plan, assister aux JABES a été une expérience professionnellement très enrichissante. Les mauvaises langues diront que l’enrichissement a surtout été pour tous les barmen, serveuses, marchands de glaces italiennes (miam…) que nous avons fait travailler sans relâche pendant quelques jours. Ils n’auront pas tout à fait tort… Mais on ne peut pas réduire les JABES à cela. Rencontrer physiquement au moins une fois nos homologues du réseau (et les collègues de l’ABES, bien sûr!) est indispensable pour pouvoir savoir quelles personnes répondront le plus volontiers à nos questions professionnelles, ou seront enthousiastes pour s’impliquer dans des projets communs.

Ces collègues sont dans une position parfois ambiguë, qui peut devenir être inconfortable : à la fois bras armé de l’ABES, dont ils mettent en oeuvre les consignes, ou subissent les choix, et acteurs autonomes qui peuvent proposer des améliorations aux outils de l’ABES (Sudoc + par exemple), exprimer des désaccords ou des doutes sur certaines options de l’agence, essayer de faire valoir leur vues,  ou concevoir ensemble des projets plus ou moins indépendants des choix de l’ABES.

Dans le monde merveilleux des bibliothèques, il n’y a pas que des rapports techniques et des groupes pilotages officiels. La communauté des BU a son existence propre, avec ses dynamiques, ses tensions et ses enjeux. En coulisse, les rapports de force, les affinités personnelles, les alliances plus ou moins implicites pèsent d’un poids non négligeable, bien que très difficilement saisissables par un modeste correspondant catalogage.

Point positif, l’ABES n’est pas du tout fermée au dialogue avec les établissements du réseau. Depuis toujours, ils ont été associés à l’élaboration de certaines procédures ou décisions. Mais il est intéressant d’observer l’évolution des modalités techniques de cette collaboration, et du niveau auquel elle s’exerce (L’AURA, les directions des établissements, les professionnels directement impliqués dans le travail?). Par exemple, sans avoir assez d’expérience pour en juger avec sûreté, il me semble que l’AURA (association des utilisateurs des réseaux de l’ABES) est aujourd’hui plus associé aux choix de l’ABES qu’elle ne l’était il y a quelques années. Pour les questions catalographiques,  l’AURA doit ainsi depuis janvier 2011 donner son accord pour que les décisions des groupes de travail communs à l’ABES et au réseau soient validées. Le but est d’éviter que les décisions des groupes de travail ne soient contestées par les membres du réseau qui n’y auraient pas pris part, mais aux yeux de certains collègues, la conséquence semble être une plus grande lourdeur, voir lenteur, pour la validation de certaines propositions.

De manière plus visible, l’ABES  a officiellement pris en compte le réseau en l’intégrant à la conception de son nouveau projet d’établissement. C’est dans ce cadre que trois ateliers thématiques ont été organisés par l’ABES avant les journées elles-mêmes, pour que les personnes intéressées donnent leur avis sur ses projets en matière de SIGB partagé, de ressources électroniques, et de valorisation du patrimoine. Les 60 places ont été attribuées en quelques heures, ce qui est un signe de l’implication et de l’intérêt de nos collègues  pour ces questions.

On pourrait multiplier les éléments témoignant de cette politique d’ouverture, mais il faut aussi en constater les limites. Dans le déroulement même des journées, les projets des établissements ne sont abordés que dans des ateliers. D’autre part le programme très dense des journées et les quelques menus retards inévitables dans de telles rencontres ont rendu le plus souvent très brefs voire inexistants les échanges entre les orateurs et la salle. C’est subjectif, mais j’avais moins ressenti cette urgence lors des journées de 2009 (lors desquelles je me souviens avoir eu le temps de préparer et de poser quelques questions). Y-a-t-il des solutions ? Sans doute pas sur le fond, car l’agenda de l’ABES est incroyablement chargé, et faire tenir en 2 jours la présentation de tous les chantiers en cours est déjà une gageure. Peut-être certaines interventions redondantes pourraient elles être écourtées pour laisser plus de « respiration » ?

Mais la solution n’est peut-être pas à rechercher dans une refonte des journées. Peut-être la création d’outils de collaboration entre les membres du réseau (wikis? blogs? listes?) pourrait-elle faire émerger en son sein de véritables débats, stratégiques et techniques, qui ne pourraient qu’enrichir notre travail avec l’ABES.

Qu’en pensez-vous?

9 comments to Journées de l’ABES ou journées des BU ?

  • Marie_Idille

    Suite à cet échange, je me suis intéressée de plus près à l’AURA et suis allée consulter un peu leur site.

    A lire à propos des groupes de travail du réseau de catalogueurs, dans l’onglet Groupes_de_catalogage : http://www.aura-asso.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=65:retroconversion&catid=21:catalogue-et-indexation&Itemid=31

    Je me permets une rectification sur un point : ce CR laisse entendre que les premières réunions de catalogueurs du réseau se sont tenues à l’insu de l’ABES.
    La première réunion a eu lieu le 29 septembre 2009, pour compenser le recul croissant des questions de catalogage aux Jabes. La proposition de réunion et l’appel à volontaires sont parus sur les listes Corcat et Sucoordi le 8 juillet 2009 puis sur la liste de diffusion Sucat, listes auxquelles l’Abes est abonnée. Les organisateurs se sont également concertés directement avec l’Abes, qui n’a pas souhaité assumer la partie logistique, mais a envoyé un de ses représentants pour animer la réunion le 29 septembre. Bref, s’il y a eu des dysfonctionnement et un manque de communication, ce n’est pas à ce niveau!
    Oui, bon, j’aime être précise. :p

  • @Marie_Idille : c’est intéressant de voir exprimée de manière positive ce que je disais de manière plus négative. C’est-à-dire : vous dites que l’Abes permet à l’Aura (donc au réseau) d’avoir plus d’implication et de poids, quand j’estimais pour ma part que l’Abes se retirait de ce rôle-là.
    Cela dit, nous sommes d’accord : on est là dans une phase de transition, où l’Aura (donc les établissements) va être amenée à assurer un rôle de coordination beaucoup plus important.
    Le problème, que vous soulevez avec cette histoire de réunion du 29 septembre 2009, c’est que les lieux de travail mis en place par l’Aura ne sont pas encore considérés comme aussi légitimes que les journées Abes.
    Or, par ailleurs, l’usage que l’Abes fait de ces journées nécessite effectivement, comme le suggère 27.7, de repenser l’organisation du réseau et la manière de faire redescendre l’information d’une part (ce qu’a fait l’Abes aux journées Abes) et faire travailler le réseau d’autre part (ce que doit désormais faire l’Aura, sans avoir encore de « lieu » pour cela).

    Cela signifie :
    1. que l’Abes aurait dû davantage insister sur ces journées de travail Aura (je n’ai pas beaucoup entendu l’Abes mentionner l’Aura à Montpellier) pour asseoir la légitimité de celles-ci pour la vie du réseau (ce sont des espaces décisionnels, du moins au niveau des « techniciens »).
    2. que le contenu des journées Abes, puisqu’il a évolué parallèlement au rôle que joue l’Abes, peut se vider au moins pour une partie : un nombre important des annonces n’exigeait pas forcément la présence des participants, et aurait pu se faire sous d’autres formes de diffusion.
    3. transformer les « journées Abes » en « journées Aura » ? 😉

    • vingtseptpointsept

      J’ajouterais que l’AURA, pour l’instant, je n’en ai jamais entendu parler dans mon établissement. C’est avant tout un club pour directeurs et responsables de section. L’AURA ne cherche pas du tout à entrer en contact avec les bibliothécaires de base, et toute une partie de son site http://www.aura-asso.fr/ est un « espace réservé » protégé par un mot de passe. Sur le site de l’ABES il n’y a pas de mot de passe, sinon pour accéder au Guide Méthodologique (et j’espère d’ailleurs que cela changera bientôt, parce qu’un GM en licence CC ne devrait pas être protégé par un mot de passe…)

    • Marie_Idille

      « transformer les « journées Abes » en « journées Aura » » Au secours! 🙁

      Il y malentendu sur quelques points. Quand je parle du « réseau », je ne pense pas prioritairement à l’AURA, mais au réseau de catalogueurs, que je fréquente via Sucat/Corcat.
      L’AURA, je crois en avoir pour la première fois entendu parler quand ils ont râlé après la tenue du 1er groupe de travail post-réunion INHA. A part ça, je n’en entends et n’en ai entendu que très peu parler, comme Mathieu (27.7). L’action de l’AURA est peu perceptible par les simples catalogueurs, et même par les correspondants. C’est sans doute que je méconnais les fonctions et l’intérêt de l’AURA. L’association des « utilisateurs de l’ABES », c’est surtout pour ceux qui utilisent en théorie, pas en pratique.

      Quels lieux de travail mis en place par l’AURA? Ouverts à qui? Pour faire quoi?
      Encore un mystère qui va m’intriguer un moment et me forcer à fouiller partout pour déterrer l’info (mais il y a tellement à faire par ailleurs…) 🙂

      L’ABES, c’est vrai, s’est dernièrement plus posée comme chef de chantier, et ça a été clairement exprimé au réseau (euh, « mon » réseau) par le pôle métadonnées lors de la réunion de 2009 : l’activité de l’ABES s’est diversifiée, les moyens humains ne suffisent plus à tout gérer, le réseau (de catalogueurs) doit gagner en autonomie et se prendre en main. Message reçu, d’où l’initiative du réseau (de catalogueurs) de mettre en place des groupes de travail (sans consulter l’AURA au préalable, c’est vrai, puisque la plupart d’entre nous en ignorait carrément l’existence). L’ABES se posant en arbitre et en interlocuteur du réseau.

      Là, tout de suite, maintenant, je ne vois pas l’AURA répondre à mes préoccupations en ce qui concerne l’évolution de mon métier. Espérons que je me trompe et que ça évolue dans le bon sens! 🙂

  • Marie_Idille

    Heureusement qu’il y a des bloggers (merci à Lully aussi, donc) qui arrivent à exprimer clairement ce qui reste un amas de réflexions en vrac dans ma tête à moi.

    J’apporte une précision : l’implication de l’AURA dans le circuit de validation d’un groupe de travail du réseau de catalogueurs fait suite à (et j’adapte ça à ma sauce de manière tout à fait subjective qui n’engage que moi, tout ça) :
    1) ils ont été vexé qu’on ne leur demande par leur avis pour discuter boulot parce que quand même, ce sont eux les décisionnaires et pour qui on se prend nom-de-djiou (oui, bon, d’accord, il eut pu être sensé de les tenir au courant de ce qui se passe dans le réseau)
    2) de nombreux collègues s’étaient (à raison) plaint de n’avoir pu assister à la réunion du 29 septembre 2009 (si ma mémoire est bonne) à l’INHA parce que leurs directeurs avaient refusé de les laisser partir, ne voyant aucune légitimité à cette réunion « sauvage » (même si l’Abes était présente). La validation de l’AURA apporte donc une caution aux groupes de travail et incite les directeurs à laisser leurs ouailles y participer – incitation qui s’ajoute au message officiel de R. Bérard invitant les directeurs d’établissements à autoriser le personnel à participer à ce travail collectif.
    Bref, il me semble que le rôle de l’AURA en la matière et d’approuver (ou non – mais ça ne s’est pas vu, il faut dire que c’est relativement récent) la constitution d’un groupe de travail sur tel ou tel thème, mais son rôle s’arrête là, en amont, l’AURA n’a pas prise sur les recommandations des GT et sur les décisions finales qui en découlent (c’est encore l’ABES qui a le dernier mot là-dessus)

    Je trouve assez frustrant que les journées de l’ABES soient de plus en plus les journées des décideurs et de moins en moins les journées des producteurs de données. On est une force vive qui a a priori une bonne connaissance des usagers, que nous fréquentons assidument en service public, une bonne connaissance des documents (physiques ou électroniques), que nous traitons quotidiennement, et donc peut-être des idées à partager sur la manière de faire coïncider offre et demande et un potentiel pour alimenter la réflexion. Mais j’ai de plus en plus l’impression que les catalogueurs sont juste un peuple en voie d’extinction (à exterminer?) et qu’on ne voit pas l’intérêt de les impliquer dans ces évolutions. Plus on en laisse derrière, plus lourd sera le poids mort à traîner quand il faudra former tout ce monde-là aux nouveaux outils, modèles et formats (mort de WinIBW programmée, FRBRisation…)

    Ces journées de l’ABES restent pour moi très précieuses et j’apprécie aussi énormément le travail fait à cette occasion, le souci d’ouverture et de partage de l’information sur les projets en cours et à venir. Sans compter la disponibilité et la gentillesse des collègues de l’ABES, qui bien que sollicités de toutes parts, font toujours leur possible pour ne jamais laisser une question sans réponse (même si ça prend parfois du temps!).

    Et comme je le disais… des réflexions en vrac dont j’ai du mal à sortir qq chose de cohérent et de vraiment utile!

  • vingtseptpointsept

    Correction : les retours d’expérience des utilisateurs du réseau n’ont pas été présentées dans des ateliers, mais dans une « session » d’1h30 le mardi 17 consacrée à 3 expériences innovantes (un SCD, un PRES, et le CNRS).
    D’autre part, un des ateliers du mardi (14h-16) a été confié à la présidente de l’AURA.

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