Merci Cujas!

Tous les stages de formation continue n’ont pas le même intérêt (et j’euphémise…). Celui que je viens de suivre à la bibliothèque Cujas restera comme un bon souvenir, et surtout une source d’information précieuse sur le droit et la documentation juridique en bibliothèque.

Organisé par Médiadix, et assuré par des collègues en poste à Cujas, ce stage ne s’adresse pas spécialement à des acquéreurs (contrairement à ce que laisse croire la fiche de Médiadix, qu’ils devront corrigerpour une prochaine session), mais plutôt à des personnes dirigeant une section de droit, ou assurant du renseignement et/ou des formations.

Sur 5 jours, sont abordés, après une introduction générale au droit, la documentation électronique gratuite (sur le droit français et de l’UE), la documentation électronique payante, les revues papier, et les enyclopédies papier.

Une après-midi a été prévue pour visiter les salles de droit de la BnF en compagnie d’un acquéreur, et, point original, la dernière demi-journée a été consacré à un dialogue avec une professeure de droit, qui nous a fait part de son expérience d’usagère et des besoins de ses étudiants.

J’ai beau travailler depuis deux ans à la BU de Droit-Lettres, je n’ai pas honte de dire que je maîtrise certaines ressources moins bien que d’autres, et ce, pour plusieurs raisons : elles sont parfois d’un maniement difficile, nos étudiants (surtout de niveau L) les sollicitent peu, nos chercheurs les utilisent, mais sans nous demander de l’aide, et je ne les ai jamais approfondies pour les présenter en formation.

Et puis, nous n’avons pas tous le temps de faire de la « veille » sur les nouvelles ressources, notamment les gratuites, surtout dans une BU pluridisciplinaire. Combien de collègues n’ont-ils découvert l’indispensable site circulaires.gouv.fr (en ligne depuis mai 2009) qu’à l’occasion de la polémique récente sur la circulaire ciblant les Roms (qui d’ailleurs n’était pas sur ce site, ce qui est un autre problème)?

Personnellement, peut-être parce que je n’ai pas connu la BU sans ses bases électroniques, j’ai une bien meilleure familiarité avec les sites de dalloz, lextenso ou lexisnexis qu’avec les ressources imprimées. J’imagine que ce sera le contraire pour des collègues ayant manipulé le Bulletin Civil de la cour de Cassation ou les multiples tables de la Gazette du Palais pendant des décennies.

Comme nous formons avant tout les étudiants aux ressources en ligne, et que les ressources papier sont de moins en moins utilisées (tout en restant indispensables, notamment pour toutes les décisions et commentaires datant d’avant les années 1990), je ne sais pas si j’aurais pu corriger de moi-même ce déséquilibre dans mon approche de la documentation juridique.

D’où l’intérêt de ce stage, ou de tout type de formation équivalente en interne ou en externe : donner une vue d’ensemble du droit et de la documentation juridique, et insister sur des ressources méconnues ou d’un usage ardu.

En ce qui me concerne, j’ai appris à utiliser plus efficacement la base de donnée Doctrinal, les revues papier (ahhh, les tables de la Gaz. Pal…) et les encylopédies papier. D’autres y auront peut-être gagné une familiarité avec les bases de données des éditeurs juridiques.

Un autre aspect intéressant de ce stage a été le dialogue sans langue de bois avec une enseignant-chercheur. Je n’imaginais pas que le point de vue porté sur la documentation pouvait être aussi différent entre « nous » et « eux ».

Un petit exemple : pour nous, l’idée qu’un enseignant aille de lui-même rechercher sa documentation dans « nos » magasins est très mal vécu. En général, c’est interdit, et lorsque c’est autorisé – du bout des lèvres -, il s’agit d’un « privilège » dont le bénéficiaire devrait nous être éternellement reconnaissant.

Pour un chercheur, surtout s’il a connu une grande bibliothèque de recherche anglo-saxonne, il est impensable d’attendre 1/2 h le moindre document, et encore moins de se voir répondre « manquant au récolement depuis 2005 ». Accéder aux magasins est donc perçu comme quelque chose de normal, et non comme un privilège.

Autre exemple : le PEB ne fonctionne pas entre les bibliothèques d’Ile de France, ce qui semblait proprement hallucinant à notre chercheuse. Il est vrai que quand on connaît les conditions de circulation dans la région, cette limitation peut surprendre. Pourquoi peut-on faire un PEB entre Amiens et Reims, Nancy et Metz, et pas entre Nanterre et Marne la Vallée? (Je m’avance peut-être un peu trop, merci de me corriger si je me trompe).

Evidemment, il n’y a pas de solutions simples à tous ces problèmes, mais de tels échanges avec les usagers (chercheurs ou étudiants) me semblent très précieux pour nous.

Une approche TRES éclectique de la psychopathologie…

Dans la série « méfions nous des couvertures trompeuses », après le cas des « fausses nouvelles éditions », dont Nathan nous a donné un bel exemple récemment, voici un cas plus surprenant, et plus inquiétant découvert hier après-midi.

Voici la version courte : n’achetez PAS La 3e éd. de Les bases de la psychothérapies, Dunod, 2010, ISBN 978-2-10-04594-0, et si vous l’avez acheté, réfléchissez bien avant de la réceptionner.

Voici la version longue :

Les éditions Dunod ont publié en 1999  un manuel co-écrit par deux psychiatres, Olivier Chambon et Michel Marie-Cardine : Les bases de la psychothérapies : approche intégrative et éclectique. Cet ouvrage a connu une 2e édition en 2003. Une 3e édition revue était annoncée dans Electre. Je l’ai donc acheté en 3 exemplaires pour actualiser nos rayons.

Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant hier dans ces ouvrages un erratum imprimé sur une feuille volante glissée avant la p. de titre, dans lequel l’éditeur semble ne pas assumer le contenu de l’ouvrage. Je le reproduis intégralement :

« Le Docteur Olivier Chambon a assuré seul la réalisation de la troisième édition de cet ouvrage.
Le chapitre 9 consacré à la psychothérapie transpersonnelle et l’avant-propos ont été rédigés par le docteur Olivier Chambon qui est seul responsable de leur contenu.
Ces textes n’ont aucun rapport avec le contenu de l’enseignement dispensé au Diplôme universitaire de psychothérapie de l’Institut Claude Bernard de Lyon I. »

La 1re et la 3e phrases viennent viennent corriger des informations figurant sur la couverture et dans l’introduction du livre :

  • Sur la couv., et la 4e de couv, on lit en effet le nom de deux auteurs, comme sur les deux éditions précédentes. Sur la page de titre, par contre, seul le nom d’O. Chambon figure.
  • Dans l’introduction, l’auteur précise que « cet ouvrage correspond à la progression de l’enseignement en deux années pratiqué par nous dans le cadre du DU de psychothérapie à l’université Claude Bernard Lyon I »

La 2e phrase de l’erratum est elle même erronée ! J’imagine que l’éditeur a du être pris de court et rédiger cet erratum dans l’urgence. En effet, le chapitre sur le thème cité, est en fait le 6e, et non le 9e.

Je pense qu’elle est également imprécise sur un plan légal : O. Chambon est peut être le seul auteur, responsable au sens intellectuel, de ce chapitre, mais, sans être juriste, il me semble qu’en cas de litige sur le contenu, la « responsabilité » de l’éditeur pourrait être mise en cause.

Et pourquoi le serait-elle? Parce que – je ‘m’avance peut-être, mais si vous n’êtes pas d’accord libre à vous de commenter ce billet – ce chapitre n’a absolument pas sa place dans un manuel universitaire.

Voici une courte citation de la préface, afin de comprendre le point de vue « scientifique » de l’auteur sur les psychothérapies :

« Au modèle mécaniciste puis systémique de l’esprit, dont rendait compte les deux précédentes éditions de cet ouvrage, est venu se surajouter le modèle « non-local » de la conscience en résonance avec les découvertes récentes de la physique quantique ».

Le reste de la préface est de la même farine : prise en compte des « Etats de mort imminente », de la « Communication avec les morts », le tout dans une bouillie terminologique vaguement New Age.

Et en effet, le fameux (fumeux) chapitre 6 détaille de la p. 235 à la p. 258 quelques psychothérapies transpersonnelles fondées sur des Etats Modifiés de Conscience : la respiration holotropique, le toucher thérapeutique, la prière, le chamanisme, la psychothérapie psychédélique, etc.
On peut y lire p. 236 que « L’existence des phénomènes paranormaux a été éprouvée et validée en laboratoire depuis plus d’une centaine d’année ».
P. 240, vous trouverez d’utiles références bibliographiques sur la télépathie, le magnétisme, les voyages chamaniques, qui sont bien entendu « prouvées scientifiquement ».

Je ne suis pas scientiste, mais j’estime que cet ouvrage n’a rien à faire en BU, ni dans le catalogue d’un éditeur prestigieux comme Dunod.

Or, comme vous le voyez sur cette capture de leur site, Dunod n’a pas encore pris la mesure du problème. La fiche mentionne encore deux auteurs, alors qu’un seul a participé à cette édition, et destine cet ouvrage à un public de professionnels et d’étudiants.
Les bases de la psychothérapie - Approche intégrative et éclectique

Je ne mets pas en cause la bonne foi de l’éditeur, qui a joint un erratum, sans doute dans la précipitation. Mais cette réaction me semble insuffisante. Je pense que cet ouvrage devrait être retiré de la vente, ou du moins que sa fiche signalétique devrait profondément modifiée pour tenir compte des changements intervenus entre la 2e et la 3e édition.

Nous concernant, je pense qu’il serait bon de contacter Dunod pour échanger ces exemplaires contre un retirage de l’ancienne édition, ou contre d’autres ouvrages de leur catalogue. J’ignore si cela sera possible (compte tenu du rôle d’intermédiaire joué par le libraire, et du fait que nous ayons réceptionné l’ouvrage), mais j’en discuterai avec mes collègues demain.

Et vous, si vous avez commandé ce libre, que comptez-vous en faire?

« Profitez de nos livres à -30% »

Je tombe des nues en recevant un email promotionnel d’Amazon m’annonçant des « soldes » de 30% sur des livres.

On trouve sur cette page, deux catégories de titres : scolaire et parascolaire / romans et vie pratique. La plupart sont des livres anciens, ou n’étant plus d’actualité, mais dans la catégorie romans, on trouve quelques textes « classiques », comme par exemple l’Argent de Zola, dans la collection « Livre de poche », proposé neuf à -30%.

J’avais l’idée que ce genre de pratique était interdite par la loi sur le prix unique du livre de 1981, mais je vois que son art. 5 dispose que

Les détaillants peuvent pratiquer des prix inférieurs au prix de vente au public mentionné à l’article 1er sur les livres édités ou importés depuis plus de deux ans, et dont le dernier approvisionnement remonte à plus de six mois.

Un décret précise que

Les délais de neuf mois et de deux ans mentionnés aux articles 4 et 5 de la loi du 10 août 1981 susvisée courent à partir du premier jour du mois suivant celui du dépôt légal.

Le dépôt légal n’est plus obligatoire pour les réimpressions. Ce décret aurait donc pu être mis à jour…

Mais le site du Ministère de la Culture et de la Communication donne des informations complémentaires :

« Pour les réimpressions à l’identique, pour lesquelles il n’y a pas de dépôt légal, le délai court à compter de la date d’achevé d’imprimer. »

« Le dernier approvisionnement doit remonter à plus de six mois ; le délai de six mois est calculé à partir de la date d’entrée du livre en magasin (et non pas de la date de facturation) »

Je n’ai pas trouvé de texte précisant que ces remises exceptionnelles ne pouvaient s’appliquer qu’en périodes de soldes.

S’agissant de l’Argent de Zola, ces critères semblent respectés : la date d’édition sur la fiche d’Amazon est 1974. En fait, il a été réimprimé plusieurs fois depuis, et il semble d’après le sudoc que l’apparat critique a changé depuis 1998. Mais comment savoir quelle date précise de DL et d’achevé d’imprimé figure sur l’exemplaire vendu par Amazon ?

Alors, amis libraires, bibliothécaires, juristes (je n’ai pas d’amis éditeurs, pas de chance!) : que pensez-vous de la pratique d’Amazon ?  Compte tenu de la nature du stock d’Amazon (beaucoup d’ouvrages anciens), le libraire en ligne peut-il brader tous les ouvrages de plus de deux ans qu’il aurait dans son stock, pour peu qu’il n’ait pas été réapprovisionné depuis six mois? Cela représenterait une énorme quantité d’ouvrages… Et pourrait-il le faire toute l’année, hors période de soldes ?

Le Sudoc apprivoisé (avec des vrais morceaux d’UNIMARC dedans…)

Non, il ne s’agit pas là d’un tutoriel pour le SUDOC, mais de quelques remarques sur un petit bug repéré en cherchant des ouvrages sur la Mégère apprivoisée de Shakespeare (en version originale The taming of the shrew).
J’ai été surpris de constater que dans l’interface publique, une recherche « mégère apprivoisé » en sujet ne donnait aucune réponse.
Idem pour l’équivalent dans le logiciel de catalogage (WinIBW) : « CHE MSU mégère apprivoisée » ne donne aucune réponse.
Pourtant, il serait bien étonnant qu’aucune BU ne possède aucune étude consacrée à cette pièce!
Et en effet, il y en a 35 dans le SUDOC, mais pour les retrouver, il faut chercher en sujet des mots du titre original : « taming shrew ».

Ne croyez pas que Shakespeare ait été honteusement discriminé par l’ABES. Ainsi, le comportement du SUDOC est identique avec le Portrait de Dorian Gray de Wilde, qu’il faudra plutôt chercher au titre original, The Picture of Dorian Gray, ou avec les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, à chercher à Wuthering Heights.

Explication pour les gens pressés

Pour les deux premiers exemples, ce comportement n’est pas normal, et il devrait être corrigé quand l’ABES aura le temps. (D’après un message du pôle métadonnées de l’ABES, à qui j’avais signalé le problème).

Explication unimarcienne, pour les grands malades

La recherche par « sujet » renvoie une liste de notices où les mots recherchés sont présents, dans certaines zones UNIMARC bien précises, le plus souvent 600, 604, 606, 607. La plus utilisée est la zone 606, qui contient des sujets « noms communs », essentiellement en RAMEAU.
Or, pour tous les types de sujets, il est prévu que l’usager puisse saisir des « formes rejetées » qui seront interprétées par le système comme équivalentes aux « formes retenues ».
Par exemple, vous pouvez chercher et trouver des ouvrages sur les doudous, bien qu’aucune notice ne comporte une zone « 606 $aDoudous ».
Couverture : Le grand livre des doudous (AMAZON)
Dans cet exemple, c’est en fait le sujet « Objets transitionnels » qui est présent dans les notices en zone 606, non pas en plein texte, mais sous la forme d’un lien renvoyant à une « notice d’autorité » qui contient plusieurs équivalents de cette notion (Voir la notice équivalente à la BnF ), chacun pouvant être saisi indifféremment dans une recherche sujet.

Dans le cas de la Mégère apprivoisée et des Hauts de Hurlevent, tout devrait se passer de la même façon, le titre français jouant le rôle de « forme rejetée », comme « Doudous » dans l’exemple précédent.
Pourtant, cela ne fonctionne pas, mais pour deux raisons différentes :

Il existe bien deux notices d’autorité de type Tq (auteur/titre) correspondant à la pièce de Shakespeare et au roman d’E. Brontë, et les notices correspondant à des études critique sur ces oeuvres peuvent donc comporter une zone 604 contenant un lien vers l’une d’elles.
Conformément aux usages du SUDOC, la « forme retenue » dans ces notice d’autorité, en zone 240, est le titre en langue originale : « Shakespeare, William (1564-1616). The @taming of the Shrew », et « Brontë, Emily (1818-1848). @Wuthering heights ».

Les deux cas diffèrent, car la notice consacré à Wuthering heights est en fait trop pauvre en informations dans le SUDOC : Alors que la notice équivalente à la BnF est très détaillée, et donne plusieurs traductions du titre, celle du SUDOC ne comporte que le titre original.

240 ##$aBrontë, Emily (1818-1848)$t@Wuthering heights

Il est donc tout à fait logique que la recherche « Hauts de Hurlevent » en sujet ne donne rien.
Bien que cela soit corrigeable ponctuellement, étant donné le grand nombre de notices dans ce cas, seule une solution globale permettrait d’y remédier. J’ignore totalement si cela serait faisable, mais on pourrait peut-être imaginer un « import » des données issues de la BnF ou de catalogues étrangers…

Concernant notre mégère, et le Portrait de Dorian Gray, la situation est différente : la traduction du titre en français figure bien dans la notice en « forme rejetée », dans la zone 440, conformément au format UNIMARC.

240 ##$aShakespeare, William (1564-1616)$tThe @taming of the Shrew
440 ##$aShakespeare, William (1564-1616)$tLa @mégère apprivoisée

Comme point de comparaison, voila ce qui se passe dans le catalogue de la BnF :
La notice auteur/titre décrivant cette oeuvre contient les mêmes informations que dans le SUDOC, en zone 240 et 440.
La conséquence, c’est qu’une recherche « mégère apprivoisée » dans l’index sujet donne exactement les mêmes réponses qu’une recherche « taming shrew ».

Enfin, j’ajoute que contrairement aux notices Auteur/Titre, les notices décrivant dans le SUDOC les titres anonymes (qui n’utilisent pas les mêmes zones unimarc), gèrent parfaitement les renvois entre formes retenues et formes rejetées. Par exemple, pour trouver toutes les 108 études sur le Roman de Renart, on peut très bien saisir « Reinardus vulpes » ou « Reinaard de Vos ».

Conclusion : dans le SUDOC professionnel comme dans l’interface publique, la zone 440 des notices d’autorité de type Tq n’est pas « indexée », alors qu’elle devrait l’être.

Finalement, ce qui m’étonne le plus dans cet oubli, qui devrait donc être réparé cet été, c’est que personne ne l’ait signalé auparavant. Or cette non-indexation semble durer depuis assez longtemps (pas depuis les origines du Sudoc, j’espère!).
J’aurais tendance à y voir une nouvelle preuve, indirecte, de la prédominance dans les usages de la « recherche simple » par rapport à la recherche dans un index, sans parler de la recherche avancée combinant plusieurs index, de la recherche par lot, et autres fonctionnalités du SUDOC.

la mise à jour se fait attendre, l’éditeur se fait du blé, et le bibliothécaire se fait avoir (2)

J’ai évoqué dans le billet précédent la confusion qui semble exister chez certains éditeurs entre réédition et réimpression. Dans ces conditions, est-il possible pour nous d’éviter d’acheter à tort certains titres ?

Je laisserai de coté la question de la validité du contenu qui doit être disjointe de ce débat. Car le plus souvent, republier un ouvrage au contenu non actualisé n’a rien de scandaleux. Par exemple, j’ai entre les mains la « 5e édition Quadrige » (1995) du Nouvel esprit scientifique de Bachelard aux PUF. Elle est en tout point identique aux précédentes, mais Bachelard étant mort depuis 1962, ce serait faire preuve de mauvaise foi que de prétendre que les PUF ont cherché à tromper qui que ce soit par cette mention d’édition. D’ailleurs, preuve de leur « innocence », ils ont attribué le même ISBN à la 4e, à la 5e et à la 6e « édition Quadrige »… Autre exemple : un manuel de psychologie dont le contenu date de 2005 reste encore tout à fait utilisable par des étudiants de licence.

Quand ISBN rime avec migraine…

Dans un monde parfait (si tous les éditeurs étaient d’anciens bibliothécaires…), les éditeurs indiqueraient systématiquement sur leurs catalogues, et sur les ouvrages eux-même :

  • « nouveau tirage/réimpression à l’identique de la n-ième édition » pour une réimpression sans aucune modification.
  • « nouveau tirage/réimpression corrigé(e) de la n-ième édition » pour une réimpression avec correction de quelques « coquilles » ne modifiant pas le sens.
  • « nouvelle présentation de la n-ième édition » pour une édition différant par des aspects matériels (pagination, caractères plus gros, dimensions du livre) sans aucun changement du texte
  • « n-ième édition » pour toute modification plus conséquente de l’édition n-1, avec l’adjectif approprié : « remaniée, refondue, mise à jour, complétée… ».

Ils n’attribueraient bien entendu de nouvel ISBN qu’à cette dernière catégorie d’ouvrages, n’associeraient jamais le (c) à une date de réimpression mais à la date du texte original, citeraientt toujours le titre original des textes traduits, ainsi que le premier éditeur, etc…

Or, voici une liste non exhaustive des « surprises » que nous réservent certains ouvrages  :

  • deux dates de copyright pour un texte identique. Par exemple « (c) 1994 pour la première édition ; (c) 2010 pour le présent tirage ».
  • des réimpressions à l’identique qualifiées de « nouvelle (ou N-ième) édition ».
  • des textes remaniés qualifiés de « réimpression » ou « retirage ».
  • une mention « nouvelle édition » reproduite sur chaque retirage, ce qui peut faire croire que le 25e tirage est une 25e édition, alors qu’il ne s’agit que du 24e tirage de la 2e édition.
  • une mention « première édition en 2008 », ce qui peut laisser croire que nous avons en main une édition postérieure.
  • un nouvel ISBN pour une réimpression.

Tout cela est parfaitement légal, les seules obligations s’imposant à l’éditeur étant si je ne me trompe celles qui sont liées au dépôt légal. L’ouvrage doit comporter :

1° Le nom (ou raison sociale) et l’adresse de l’éditeur ;
2° Le nom (ou raison sociale) et l’adresse de l’imprimeur ;
3° La date de l’achèvement du tirage ;
4° La mention de l’ISBN et éventuellement de l’ISSN ;
5° Le prix en francs français ; (hem hem hem, cet arrêté mériterait d’être actualisé)
6° La mention « dépôt légal » suivie du mois et de l’année ;
7° Pour les réimpressions à l’identique, le mois et l’année où elles sont effectuées. (cet arrêté mériterait vraiment d’être actualisé, car depuis 2006, les réimpressions à l’identique ne sont plus soumises au DL)

Le point le plus sensible pour les éditeurs comme pour les bibliothécaire est l’ISBN. Quel que soient le contenu du texte ou les autres mentions (réédition, réimpression…), l’attribution d’un nouvel ISBN va automatiquement propulser le livre dans les « nouveautés » des catalogues d’éditeurs et de libraires, et dans Electre et Livres Hebdo, les outils de base de tout acquéreur en bibliothèque.

Or, si le législateur ne donne pas de précision sur l’ISBN devant figurer sur les livres lors du dépôt légal, ce n’est pas le cas de l’agence internationale qui assure la gestion de ce numéro : elle s’oppose à une l’attribution « marketing » d’un nouvel ISBN sur un retirage : (je traduis)

14. Je révise un livre. A-t-il besoin d’un nouvel ISBN ?
Un changement (substantiel) du texte rend nécessaire un nouvel ISBN, et si les révisions ont eu lieu, le dos de la page de titre devrait (should) signaler que le livre est une édition révisée, et le nouvel ISBN devrait y être imprimé.
15. Une réimpression sans changement du texte ni du type de reliure rend-elle nécessaire un nouvel ISBN ?
Non, le numéro d’origine doit (must) être retenu, du moment que l’éditeur reste le même.
16. Je voudrais attribuer un nouvel ISBN pour des raisons marketing. Est-ce permis?
Non, car aucun changement du texte, du format ou de la reliure ne justifierait un nouvel ISBN

Il ne me semble pas que l’agence française (l’AFNIL) aie modifié ces règles. Les bibliothécaires et/ou les libraires seraient donc  sans doute en droit d’exercer d’humbles remonstrances aux éditeurs pratiquant systématiquement l’attribution de nouvel ISBN lorsque cela ne se justifie pas (ou éventuellement de discuter avec les éditeurs pour établir des critères partagés).

Enfin – tout n’est pas noir – , voici un exemple plutôt réconfortant qui prouve bien qu’il ne faut pas confondre maladresse et malhonnêteté : le verso de la page de titre de cet ouvrage contient une information précieuse, exprimée sans fausse pudeur (« le texte de l’ouvrage reste inchangé »), mais malgré tout l’éditeur (l’AFNOR. no comment…) entretient une certaine confusion entre tirage et édition (le « 2e tirage » de la « 1re édition » est qualifié deux lignes plus bas de « présente édition » (donc 2e édition) et bénéficie d’un copyright en propre…).

Comment remplir ses paniers de fruits livres bien frais ?

Malheureusement, je n’ai pas de réponse miracle, mais seulement quelques petites remarques qui peuvent éventuellement permettre, peut-être, dans certains cas, et avec de la chance, d’éviter d’acheter un livre non actualisé. Bien sûr il m’est arrivé plus d’une fois de regretter des achats ou de commettre des bourdes, mais souvent en raison de la précipitation.

Pour mes acquisitions, je n’utilise pas du tout Livres Hebdo, mais uniquement des alertes Electre (j’en reparlerai bientôt car le site vient d’évoluer ce lundi) correspondant à mes secteurs d’acquisition.

Pour chaque titre de la liste générée chaque semaine par cette alerte, j’ouvre la notice, et je me méfie particulièrement de celles où figurent des mentions du type « réimpression » ou « nouvelle présentation », ainsi que celles comportant un ISBN 10 en plus de l’ISBN 13. Je me méfie moyennement de toutes les notices indiquant « nouvelle édition », « 2e édition », etc. sans autre précision. Enfin, je ne me méfie pas spécialement lorsque je lis « 2e édition revue et/ou corrigée et/ou augmentée » (si l’éditeur donne cette précision à tort, alors c’est vraiment de la malhonnêteté, mais je n’ai jamais été confronté à ce cas).

Qu’implique cette méfiance accrue ? Tout d’abord de vérifier si nous n’avons pas déjà ce titre, y compris dans une version précédente. Pour le savoir en clin d’oeil, j’ai comme l’expliquait Lully dans ce billet, configuré Electre pour qu’à coté de chaque ISBN figure un lien pointant vers le SUDOC. Mais je le recherche également par titre dans le SUDOC, puis dans notre OPAC.

Je note qu’ayant récemment installé le plug-in Libx du SUDOC, les ISBN sont devenus directement cliquables dans Electre, ce qui simplifie encore l’opération (Du coup, le plus logique serait de reparamétrer le « lien OPAC » d’Electre pour qu’il pointe vers notre propre OPAC, afin d’avoir sur la même page un lien vers le SUDOC et vers notre OPAC)

S’il s’agit d’un ouvrage noté « réimpression », « autre tirage » dans Electre et que le nombre de page correspond à une édition précédente que nous avons déjà, pas de pitié, il disparaît de ma liste de titres à traiter (sauf si nos exemplaires sont très consultés, mais il s’agit alors d’un réassort reconnu comme tel). Idem pour une « nouvelle présentation », qui n’implique pas de changements dans le texte, mais éventuellement une repagination (en cas de doute, il peut être utile de consulter la table des matières dans Electre et de la comparer à notre ouvrage, ou d’aller sur le site de l’éditeur, ou dans le SUDOC).

Voila par exemple un ouvrage – pris au hasard… – que je n’aurais sans doute pas acheté, en raison de la mention « Réimpr. », étant donné que nous avions déjà un précédent tirage dans notre catalogue.

Voici maintenant le cas d’une « nouvelle présentation » d’un contenu datant de 1996, réédité en 2000 avec un nouvel ISBN. Le site de l’éditeur nous le confirme, puisque ce titre y est carrément daté de 1996.

Pour un ouvrage qualifié de « n-ième édition », sans autre précision, le cas est plus délicat. On peut là encore comparer la pagination, consulter la table des matières quand elle est disponible sur Electre, aller sur le site de l’éditeur. C’est  là que l’expérience joue le plus : à force d’acheter des livres des PUF, on finit par savoir que chez cet éditeur, une modification du texte sera signalée par une « n-ième édition revue, corrigée, ou mise à jour », et qu’une simple « n-ième édition » n’apportera rien de nouveau. En absence de certitude, il m’est arrivé d’acheter un exemplaire unique (au lieu de 4 ou 5) d’une présumée nouvelle édition d’un manuel, et, une fois la réception faite, de la comparer livre en main, aux éditions précédentes. Par exemple, pour la dernière « réédition » de Réussir son 1er cycle de psychologie chez Studyrama.

Voici un dernier exemple qui ne peut qu’inciter à la prudence : j’étais persuadé, en voyant la notice de la 2e édition des névroses dans la collection 128, qu’il s’agissait d’une fausse réimpression. D’ailleurs, la notice du SUDOC ne mentionne rien de particulier. Mais – surprise – le site de l’éditeur précise que cette édition a été « totalement refondue ». Je n’ai pas eu l’ouvrage entre les mains, mais je suppose que cette précision capitale ne figure pas sur la couverture ni dans les premières pages, sinon elle aurait déjà été ajoutée dans le SUDOC entre crochets.

Et si j’ajoutais une note dans le SUDOC signalant la mise à jour ? Et dans le cas des fausses réimpressions, si je les signalais aussi dans le SUDOC, ne serait-ce pas utile pour les lecteurs, et pour des collègues qui hésiteraient à acheter un titre ?

La réponse au prochain épisode…

la mise à jour se fait attendre, l’éditeur se fait du blé, et le bibliothécaire se fait avoir (1)

Entre deux accès de fièvre scripteuse, je vais m’intéresser à une polémique récente lancée et relayée par plusieurs blogs, sans compter certains collègues in real life.
Depuis quelques semaines, dans presque toutes les BU de France, un même cri rageur retentit (en canon…) : « Mais comment a-t-on pu acheter cette daube ?! ».
Ah, j’imagine avec nostalgie les soirées animées que nous aurions pu avoir au bon vieux temps, autour d’un feu de cheminée de biblio.fr…

Dans ce premier billet, je vais résumer la situation pour ceux qui n’ont pas suivi l' »affaire » : un livre largement obsolète a été acheté par un grand nombre de bibliothèques universitaires, en grande partie à cause d’une présentation tendancieuse de l’éditeur. Or, ce genre de pratiques éditoriales ne sont pas si exceptionnelles qu’on pourrait le penser.

Dans un prochain billet, j’essaierai de donner quelques pistes pour éviter de reproduire trop souvent ce type d’erreur, et pour traiter ces documents une fois acquis.

L’objet du scandale ?

Il s’agit d’un petit livre de Martine Darrobers et Nicole Le Pottier publié par Nathan sous le titre La recherche documentaire.

D’après le Sudoc, et le message posté par l’une des auteurs sur plusieurs blogs, voici l’histoire de ce titre :

  • 1994 : Nathan publie dans la collection Repères pratiques une synthèse très bien faite sur un sujet en rapide évolution, La recherche documentaire avec l’ISBN 2-09-176041-2 (Voir la notice dans le Sudoc).
  • 1995-2002 : l’ouvrage est réimprimé 4 ou 5 fois fois, avec deux changements d’ISBN : ISBN 2-09-182481-X, ISBN 2-09-182454-2. Seules de microscopiques retouches sont apportées par les auteurs (dans la webographie par exemple), pour la dernière fois en 2001. Le décès de Mme Darrobers rend impossible la refonde totale envisagée un temps.
  • 2006 : nouvelle réimpression, à l’identique, avec un nouvel ISBN 2-09-183208-1
  • 2008 : nouvelle réimpression, à l’identique, avec un ISBN13 correspondant à celui de 2006 : 978-2-09-183208-1
  • début 2010 : nouvelle réimpression, à l’identique, avec un nouvel ISBN13 : ISBN  978-2-09-161433-5, contre la volonté de Mme Le Pottier.
  • 18 mai 2010 : une twitteuse lève le lièvre, mais sans beaucoup d’echo : « la dernière éd. (2010) du Repère pratique Nathan est navrante, aucune mise à jour… »
  • 25 mai 2010 : S. Mercier développe dans un billet de bibliobsession : Nathan nous refourgue comme « nouveauté » un ouvrage dont le contenu date du milieu des années 1995.
  • L’information est reprise le même jour dans un billet d’affordance, et sur Twitter
  • L’agitation gagne atteint rapidement les catalogueurs « de base », puisque – et je pense que c’est une première -, j’ai constaté le 10 juin qu’un collègue avait ajouté une note vengeresse (et très peu conforme aux pratiques sudociennes) à la notice de cette dernière édition, en mentionnant un billet de blog :

« Contient des informations obsolètes. Contenu à peine modifié depuis la première édition (1994) : quelques modifications en 1998 et 2001, pour la webliographie (information de l’auteur, Nicole Le Pottier, 26 mai 2010 sur http://www.bibliobsession.net/2010/05/25/le-livre-la-recherche-documentaire-chez-nathan-symbole-de-la-derive-commerciale-de-ledition).« 

(Ne cherchez plus cette note : un autre catalogueur a dû la supprimer, car elle n’est plus visible dans le Sudoc ce 13 juin…)

Le vilain éditeur

Je suis pleinement en accord avec tous les collègues qui ont pointé la responsabilité morale (et peut-être juridique, mais je ne suis pas un expert) de Nathan dans cette affaire : ils se moquent de l’auteur survivante, comme de leurs clients :

  • en remettant dans le commerce contre la volonté de son auteur un livre épuisé.
  • en vendant un livre périmé (avec de belles captures d’écran de minitel…), qui finira rapidement à la poubelle.
  • en présentant une réimpression comme une nouveauté, comme le prouve cette capture de la fiche signalétique du livre :

Le résumé fourni vaut le détour, rien que pour les fautes de frappe :

« Rédigé par des spécialistes dusujet, cet ouvrage présente les fondamentaux de la recherche documentaire. Il indiqueles lieux et outils à connaître ainsi que la méthodologie à appliquer pour maîtriserau mieux tous les aspects de cette discipline. »

Peut-on accorder le bénéfice du doute à l’éditeur, qui aurait pu réimprimer le titre sans prêter attention à son obsolescence ? Je ne le pense pas : outre le témoignage de Mme Le Pottier, le « feuilletage » proposé à l’internaute évite les pages les plus datées, comme celles qui traitent du minitel (merci à JC pour l’info!). De sorte que seul un « épluchage » de la table des matières et/ou une attention particulière aux dates de copyright permet de détecter l’embrouille…

Petite nuance cependant : dans la dizaine de page numérisées et mises à disposition des internautes, se trouve la p. 111, consacrée à Gallica. Or, on peut y lire noir sur blanc bleu clair que le texte date de 2001. On pourrait imaginer que si l’éditeur avait été réellement « machiavélique », il aurait préféré numériser une page ne comportant pas cette information.

Alors, concours de circonstance malencontreuses, je-m-en-foutisme, ou bien recherche de profit à tout prix ? Ce qui est sûr, c’est que ce genre de pratique éditoriale, sans être la règle, n’est pas si exceptionnelle que cela.

Une pratique pas si exceptionnelle

Il y a fort à parier que si la communauté des bibliothécaires a été si sensible à ce cas c’est en raison du contenu de l’ouvrage. En cherchant bien, on peut trouver bien d’autres ouvrages « réédités » à l’identique ou avec d’infimes variations au fil des ans, et rachetés sans coup férir en BU ou BM. Ces cas n’ont jamais provoqué de scandale, car ils concernent en général des domaines évoluant plus lentement que la recherche documentaire, mais aussi parce que l’acquéreur de base ne va pas prendre 1h après la réception de chaque ouvrage pour aller vérifier que l’édition 2010 est bien actualisée par rapport à celle de 2009, sauf s’il a un intérêt professionnel direct à le faire, par exemple pour un ouvrage sur les bibliothèques, … ou la recherche documentaire. Le reste du temps, nous faisons plus ou moins confiance aux éditeurs et aux auteurs…

Voici donc un petit florilège (je précise que les cas qui vont suivre ne sont pas tout à fait comparables à la réédition de La recherche documentaire, car il ne s’agit pas de documents obsolètes, mais simplement de réimpressions non signalées comme telles).

Dans la même collection de Nathan, le titre concernant la psychologie, réédité dans une « nouvelle présentation », c’est à dire sans changement du texte, a été acheté par près de 40 BU, dont bon nombre possédaient sans doute l’édition précédente. Peut-être s’agit-il d’un réassort volontaire pour certaines d’entre elles, mais je doute que l’explication vaille pour toutes.

N’accablons pas Nathan : les 20 BU qui ont acheté cet ouvrage équivalent chez Studyrama avaient-elles bien conscience d’acheter une « retirage de l’édition de 2008 avec un nouvel ISBN », comme le précise la notice ? Et j’aimerais bien jeter un oeil à cette 4e édition d’un manuel de sociologie paru chez Bréal. Combien pariez-vous qu’elle ne diffère pas de la 3e édition?

Enfin, alors que je sévissais en IUFM il y a deux ans, j’avais constaté que certains éditeurs de manuels scolaires ne se gênaient pas pour « reconditionner » des textes anciens. La mention « conforme aux nouveaux programmes » sur un ouvrage imprimé en 2007 ne doit pas être prise pour argent comptant, car les « nouveaux programmes » pouvaient être ceux de 1995…

Sortons du domaine des manuels scolaires et universitaires : les PUF viennent de lancer une édition des oeuvres de Freud en Quadrige, reconnaissables à leur couverture violette. La plupart des textes n’avaient jamais été édités en poche (ils étaient disponibles dans les Oeuvres complètes reliées en grand format), il était donc intéressant de les acheter. Mais, par exemple, Dora (pas l’exploratrice qui n’a même pas peur du méchant dentiste, hein!) avait déjà été publié en Quadrige avec l’habituelle couverture rouge. Quant au malaise dans la culture publié en 2010, il s’agit de la « 7e édition Quadrige », identique aux 6e, 5e, 4e et 3e éditions. Autrement dit, pour les PUF, une « édition quadrige » pourvue d’un nouvel ISBN peut ne différer en rien de la précédente! Il en va de même pour les Que-sais-je, dont les mentions d’édition fournies par l’éditeur sont à prendre avec des pincettes.

[Correction du 30/06/2010 : Il semblerait que les dernières éditions de Freud sous cette jolie couverture violette méritent effectivement l’appellation de « nouvelle édition », car même si la traduction n’a pas changé, un index a été ajouté.]

Mon état des lieux est assez sommaire, mais je ne veux pas alourdir ce billet inutilement. J’indiquerai donc dans un prochain billet quelques « trucs » pour ne pas se faire avoir (hélas, je peux déjà vous dire qu’il n’y a pas de solution miracle, sinon ça se saurait…)

La plateforme userscripts : une mine de biblioscripts

Dans le billet précédent, j’ai présenté le fonctionnement de Greasemonkey. Mais l’utilité de ce genre d’outil ne vous a peut-être pas sauté aux yeux, et, à moins d’être informaticien, sa mise en oeuvre peut sembler complexe.

J’espère qu’un petit tour sur le sur le site userscripts.org vous persuadera du contraire (au moins pour ce qui est de l’utilité potentielle…).

Le site userscripts.org

N’importe qui peut créer un compte gratuitement et déposer sur ce site un script Greasemonkey à partir duquel il pourra être librement et facilement téléchargé. Plus besoin d’aller taper le code dans un éditeur de texte, tout s’installe en un clic (gros bouton « Install » sur la page de chaque script). Près de 51 000 scripts ont été déposés sur le site à ce jour.

On trouve de tout, du meilleur comme du pire, du banal comme de l’exceptionnel. Un grand nombre de scripts visent à « customiser » facebook, myspace, ou diverses plateformes de jeu en ligne. Certains ont même des comportements dangereux, voire « malveillants », mais tant qu’ils ne sont pas installés sur votre poste, il n’y a absolument rien à craindre (Par contre, le site userscripts.org en a souffert : le 29 avril, un script mal conçu a provoqué une grave panne, qui a couté des centaines de dollars à la personne qui le maintient. Il faut donc espérer que cette plateforme fort utile, qui repose sur une initiative privée, ne sera pas victime d’autres déboires…).

Des « biblioscripts » utiles aux bibliothèques et à leurs lecteurs

Pour trouver un script sur un sujet, utilisez la zone de recherche en haut à droite de la page d’accueil. Une recherche « library » permet de dénicher de nombreux scripts, déposés en général par des bibliothèques américaines, à l’attention de leur personnel et/ou de leurs lecteurs.

Très grossièrement, on peut distinguer deux grandes fonctions (parfois au sein du même script) :

  1. Améliorer les catalogues de ces bibliothèques ou d’autres outils : meilleure ergonomie, recherche plus efficace, meilleur classement des résultats, correction de bugs…
  2. Le plus souvent, croiser les données à l’aide d’applications composites (mashups), ou de simples liens :
  • entre différents outils de la bibliothèque (un catalogue et une base de données…)
  • ou entre un outil de la bibliothèque et un outil externe, comme le catalogue d’une autre institution, et surtout le site d’Amazon.

Ces scripts peuvent donc être une solution pour disséminer les données de la bibliothèque, un objectif partagé par de nombreux collègues : en un clic, un usager (ou un bibliothécaire acquéreur) peut savoir si la référence qu’il vient de repérer sur Amazon, Decitre ou pourquoi pas sur Electre est disponible dans le catalogue de sa bibliothèque.

Inversement, des données issues de la source externes, par exemple des couvertures, tables des matières, résumés peuvent être intégrées aux résultats d’une recherche faite dans votre catalogue.

Bien sûr, chaque script répond à un objectif distinct, et n’est adapté qu’à à une bibliothèque précise. Il ne sert donc à rien d’installer le script faisant un lien entre Amazon et la bibliothèque de New York, à moins de faire de fréquents allers-retours transatlantiques… Mais ces scripts préexistants peuvent facilement servir de modèles pour en développer à peu de frais de nouveaux, répondant à vos besoins et adaptés à vos outils.

Une réalisation expérimentale : Sudoc plus

Je comptais prendre comme exemple les fonctionnalités du script Sudoc plus, développé par Sylvain Machefert.
En deux mots, Sudoc+ est un script qui améliore l’interface publique du sudoc en proposant :

  • Des fils RSS
  • Des suggestions orthographiques pour les recherches sans résultats
  • La géolocalisation des exemplaires disponibles (grâce à Google maps)
  • L’affichage des couvertures extraites d’Amazon
  • Une sélection de suggestions, tirés d’Amazon
  • Une sélection d’autres éditions du même titre, tirées de Librarything
  • Un permalien sur les notices
  • Un affichage immédiat de la disponibilité d’un document dans la/les bibliothèques de votre choix (sans passer par le mode localisation qui affiche la liste de toutes les BU possédant le titre)

Mais autant donner la parole à son auteur, qui a présenté son travail il y a quelques jours lors des journées ABES.
Son diaporama est disponible sur slideshare :
[slideshare id=4312927&doc=jabes2010sudocplus-100526043216-phpapp02]

Il a également déposé un explication technique plus détaillée :
[slideshare id=4312929&doc=sudocplustechnique-100526043235-phpapp02&type=d]

Mon objectif pour les prochains billets : mettre au point, en m’inspirant de projets existants, un ou plusieurs scripts directement utilisables par mes collègues et les usagers de ma BU, en détaillant les étapes, pour que le plus grand nombre « bénéficie » de mes tâtonnements, et éventuellement que quelques personnes plus compétentes que moi (je n’ai aucune formation en informatique, et je n’avais pas écrit une ligne de javascript avant cette année…) me filent un petit coup de main…

Vous en avez rêvé, l’ABES ne l’a pas fait…

Le fonctionnement du Sudoc vient d’être amélioré il y a quelques jours. Pourtant, rien sur le site de l’ABES ni sur son blog

Etrange? Pas vraiment, car l’ABES n’y est pour rien!

Je m’arrache toujours les cheveux pour écrire 3 lignes de javascript qui se tiennent, mais le travail de S. Machefert (Symac) m’incite à la persévérance : en mettant à jour son script Sudoc Plus, il nous a rappelé que nous ne devons pas (seulement) poser des exigences aux fournisseurs de logiciels ou de services web, mais mobiliser notre énergie et nos compétences pour améliorer autant que faire ce peu les services existants.

Avant de détailler le fonctionnement de « Sudoc plus », je voudrais tout d’abord vous dire… Lire la suite de Vous en avez rêvé, l’ABES ne l’a pas fait…

Vous avez dit Fullmarc ?

Après un suspens insoutenable, voila enfin un premier billet !

Sans surprise pour ceux qui connaissent mes goûts de pervers, il sera à classer dans la rubrique « bidouillage »…

Tout d’abord, quelques mots sur le contexte : voila quelques semaines, j’ai installé sur mon poste un excellent script GreaseMonkey, qui permet d’améliorer le SUDOC, en identifiant d’un coup d’oeil la disponibilité d’un document dans un lot de bibliothèques données. Il s’agit de Sudoc plus, développé par Sylvain Machefert, alias Symac.

Depuis, j’essaie de tripatouiller divers sites et catalogues  (amazon, BnF, SUDOC…) à l’aide de scripts GreaseMonkey. Jusqu’ici je n’étais pas très satisfait du résultat, car, mis à part le fait que je découvre à peine le javascript, je n’arrivais pas à accéder à certaines données, et sans accès, pas de tripatouillage…

Quelle ne fut pas ma joie en découvrant, presque par hasard, que les notices du catalogue de ma BU pouvaient être affichées en format MARC (en l’occurrence, MARC 21) en ajoutant un paramètre dans l’url!

(Pour les touristes égarés sur ce blog, les formats MARC (Machine Readable Cataloging) sont utilisés pour structurer les données dans la plupart des catalogues de bibliothèque.)

Rares sont les catalogues de BU ou de BM à offrir un affichage en format MARC, et c’est tout naturel : cela n’intéressera jamais l’usager de base, et s’il s’agit d’avoir des exemples de catalogage pour bachoter le concours de BAS, autant aller sur le catalogue de la BnF, qui propose des notices clean dans un affichage en InterMARC et en UNIMARC…

Donc, à priori, proposer l’affichage en MARC, ça ne sert à rien, c’est moche, c’est illisible pour le grand public. Mais certaines informations présentes dans la notice MARC sont invisibles en affichage public, et peuvent être utiles pour bidouiller la notice. Par exemple, la zone 001 contient le PPN, c’est à dire le n° qui identifie la notice dans le SUDOC, et peut donc être utilisée pour créer un lien direct vers le SUDOC. D’autres zones peuvent  également permettre de manipuler plus facilement les mots auteurs et sujets.

Certaines bibliothèques proposent l’affichage MARC, malgré sa faible utilité pour le lecteur. C’est par exemple le cas du catalogue de la BU de Toulouse, basé sur le logiciel Horizon.

Examinons l’url d’une notice en affichage standard :
http://catalogue.univ-toulouse.fr/ipac20/ipac.jsp?session=1H7453427S2D6.4299&profile=sicd&source=~!biut&view=&uri=full=3100001~!1154850~!0&ri=1&aspect=subtab26&menu=search&ipp=20&spp=20&staffonly=&term=levi+strauss+eribon&index=.GK&uindex=&aspect=subtab26&menu=search&ri=1

et maintenant, la même, affichée en MARC :
http://catalogue.univ-toulouse.fr/ipac20/ipac.jsp?session=1H7453427S2D6.4299&profile=sicd&uri=full=3100001~!1154850~!0&fullmarc=true&aspect=subtab26&menu=search&source=~!biut&view=items&ri=2&staffonly=&term=levi+strauss+eribon&index=.GK&uindex=&aspect=subtab26&menu=search&ri=2

Pour ceux qui seraient largués, une page html peut « transmettre » des informations à une autre page en suivant deux méthodes : POST et GET. Il s’agit ici de la méthode GET : les variables sont passées dans l’url en suivant cette syntaxe : url?nom_de_la_variable1=valeur_de_la_variable1&nom_de_la_variable2=valeur_de_la_variable2, etc.

Dans notre exemple, la notice affichée en MARC se singularise par les variable suivante : fullmarc=true, ri=4 (au lieu de ri=5), et l’absence de ipp=20 et de spp=20.

« ipp » sert à déterminer le nombre d’exemplaires affichés par page. Je ne sais pas à quoi correspond la variable « ri », mais après quelques essais, elle semble varier de manière tout à fait indépendante de la nature de l’affichage. Idem pour spp. Reste donc la variable « fullmarc », dont le nom est déjà assez parlant pour qu’on s’y intéresse de plus près.

Maintenant, prenons un autre OPAC basé sur le même logiciel, comme le catalogue de Lille III par exemple. L’option « affichage MARC » n’y est nulle part proposée. Et pourtant…

En insérant le code « &fullmarc=true » dans l’url d’une notice ordinaire, on obtient une magnifique notice MARC :
http://hip.scd.univ-lille3.fr/ipac20/ipac.jsp?session=127453M75Q01T.13468&profile=webre&fullmarc=true&source=~!scdlille3&view=&uri=full=3100001~!637900~!0&ri=2&aspect=subtab48&menu=search&ipp=20&spp=20&staffonly=&term=levi+strauss+eribon&index=.GK&uindex=&aspect=subtab48&menu=search&ri=2

Autre exemple, avec le catalogue de l’Université Reims Champagne Ardenne. Voici d’abord la notice correspondant au même ouvrage, en mode « public » :
http://scdweb.univ-reims.fr/ipac20/ipac.jsp?session=127M534118O5C.428329&fullmarc=true&profile=scdldap&source=~!scdreims&view=&uri=full=3100001~!365181~!0&ri=1&aspect=basic_search&menu=search&ipp=20&spp=20&staffonly=&term=levi+strauss+eribon&index=.GK&uindex=&aspect=basic_search&menu=search&ri=1


De près et de loin [Texte imprimé] / Claude Lévi-Strauss, [entretien avec] Didier Eribon.
par Lévi-Strauss, Claude (1908-2009). Auteur, Eribon, Didier.
# Sujets Lévi-Strauss, Claude (1908-2009) -- Entretiens.
# Anthropologues -- Entretiens.
Editeur: Paris : O. Jacob, impr. 2008
Description: 1 vol. (254 p.) : couv. ill. en coul. ; 22 cm.
Collection: Bibliothèque, Bibliothèque (Paris. 2007)
Note bibliogr. : Notes bibliogr. p. [251]-252.
ISBN: 978-2-7381-2140-0 (br)

devient
http://scdweb.univ-reims.fr/ipac20/ipac.jsp?session=127M534118O5C.428329&fullmarc=true&profile=scdldap&source=~!scdreims&view=&uri=full=3100001~!365181~!0&ri=1&aspect=basic_search&menu=search&ipp=20&spp=20&staffonly=&term=levi+strauss+eribon&index=.GK&uindex=&aspect=basic_search&menu=search&ri=1


LDR: 01076cam 2200289 i 4500
001: PPN124098061
005: 20091105161155.000
008: 080521s2008 fr a frb 000 0dfre d
020: $a 978-2-7381-2140-0 (br) $c 21 EUR
024: 30 $a 9782738121400
040: $a ABES $b fre $e AFNOR
082: 0 $a 301.01 $2 22
082: 0 $a 306 $2 22
100: 1 $a Lévi-Strauss, Claude $d (1908-2009). $e Auteur
245: 10 $a De près et de loin $h [Texte imprimé] / $c Claude Lévi-Strauss, [entretien avec] Didier Eribon.
260: $a Paris : $b O. Jacob, $c impr. 2008 $e (77-Courty : $f Sagim-Canale)
300: $a 1 vol. (254 p.) : $b couv. ill. en coul. ; $c 22 cm.
490: 1 $a Bibliothèque,
504: $a Notes bibliogr. p. [251]-252.
600: 17 $a Lévi-Strauss, Claude $d (1908-2009) $x Entretiens. $2 ram
650: 7 $a Anthropologues $x Entretiens. $2 ram
700: 1 $a Eribon, Didier.
830: 0 $a Bibliothèque (Paris. 2007)
915: $5 514542102:348094302 $a DL08008514
917: $5 514542102:348094302 $a aaax
930: $5 514542102:348094302 $b 514542102 $a 300.92 LEV 2 DEP $j u
999: $5 514542102:348094302 $a BUOUV $b aVERT

Tout cela n’est qu’une première étape. Reste ensuite à voir comment manipuler ces données MARC, plus riches et plus structurées que les données publiques.
La suite au prochaine épisode…

027.7 = Bibliothèques d’établissements d’enseignement supérieur

Vingt-sept point sept ?

Tout simplement l’indice Dewey correspondant aux bibliothèques universitaires, où, des années durant, j’ai bouquiné, potassé, rêvassé, bavardé, roupillé, et pesté contre ces bibliothécaires pas fichus de m’expliquer comment LE livre dont j’avais besoin avait pu disparaître sans laisser de trace…

et où, je vois désormais devant moi des étudiants en train de bouquiner, potasser, rêvasser, bavarder, roupiller, cliquer, imprimer, facebooker (et là, je me sens vieux tout à coup…), et toujours pester contre ces bibliothécaires pas fichus de leur expliquer comment LE livre dont ils ont besoin a pu disparaître sans laisser de trace…

Bien entendu, il m’arrive, dans des moments de très grande solitude, de fréquenter d’autres type de bibliothèque, et mes centres d’intérêt vont parfois jusqu’au 027, voire au 020, et même, soyons fou, aux 9 classes de la Dewey, mais pour cette 1re expérience de blogging j’évoquerai essentiellement des sujets en prise avec mon quotidien de « BUthécaire », avec quelques incursions sur le terrain de la lecture publique.

Cela étant dit, je n’ai pas encore d’idée précise sur la périodicité de mes billets (sans doute fort irrégulière), et sur les thèmes précis que j’aborderai : l’informatique en bibliothèque, sans aucun doute, les services et les relations avec les usagers, probablement, le catalogage, hélas…

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